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Photo du rédacteurPatrick Gheysen

Il ne suffit pas d'avoir une jupe !

« Oui, nous le croyons, nous l’affirmons, et nous voulons y œuvrer, le christianisme a un avenir », clament Anne Soupa et Christine Pedotti.

Jean-Pierre Denis, pour qui le christianisme est «la nouvelle contre-culture», en est lui aussi persuadé. Coïncidence, Les Pieds dans le bénitier et Pourquoi le christianisme fait scandale sortent quasi simultanément, et leurs auteurs sont tous trois des journalistes et des chrétiens engagés. Par ailleurs, leurs réflexions sont complémentaires. Pour Jean-Pierre Denis, le christianisme est la seule authentique contre-culture. Dans une société de la performance et de l’individualisme, lui seul promeut ces «valeurs minuscules» que sont la fragilité, la gratuité, le don : ce ne sont pas «des valeurs de conservation mais de conversion, voire de subversion. Des antivaleurs».

Christine Pedotti et Anne Soupa l’affirment aussi : «La proposition chrétienne est juste, bonne, valable, crédible, aujourd’hui et dans ce monde.» Elles se sont fait connaître fin 2008, lorsqu’elles ont réagi à une déclaration d’André Vingt-Trois, cardinal archevêque de Paris et président de la Conférence des évêques de France. Interrogé sur la possibilité d’ouvrir un ministère aux femmes, il avait répondu : «Le plus difficile, c’est d’avoir des femmes qui soient formées, le tout n’est pas d’avoir une jupe, c’est d’avoir quelque chose dans la tête.»

Outrées, les deux femmes ont porté l’outrage devant un tribunal ecclésiastique, et créé Le Comité de la jupe. «Nous étions jusque-là des minettes endormies, nous venions de nous réveiller et de découvrir que nous avions des griffes», racontent-elles. Les propos d’André Vingt-Trois, en ce qu’ils révèlent de la place de la femme dans l’Eglise catholique - et dans l’inconscient de ses clercs - leur ont ouvert les yeux. Les affaires de pédophilie longtemps étouffées ont achevé de les convaincre sur la nécessité d’un profond changement : «L’Eglise doit rompre avec ce fonctionnement centralisé, essentiellement masculin et clérical, qui est en train de la tuer».


Jean-Pierre Denis pense, lui, que le christianisme doit se réinventer, plutôt que se réformer. Il veut croire que «sa situation n’a pas été aussi bonne depuis longtemps». «Marginalisé, voire donné pour mort», il serait enfin débarrassé de l’idéologie de la puissance qui caractérisait son fonctionnement durant des siècles.


Mais s’il ne veut pas être «renvoyé au silence infini et effrayant des civilisations disparues», il lui faut éviter de se cantonner dans une posture défensive pour incarner, aux yeux de la société, «l’ultime rébellion». «Insistons, répétons, plaide-t-il, le christianisme critique est un christianisme d’objection. Objection de conscience, objection par le témoignage, objection par l’expérience, objection enfin par l’espérance.»

Source : www.liberation.fr

Par CATHERINE COROLLER

Pourquoi le christianisme fait scandale de Jean-Pierre Denis Seuil, 340 pp., 21 €. Les pieds dans le bénitier d’Anna Soupa et Christine Pedotti Presses de la Renaissance, 264 pp., 19 €.

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