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Photo du rédacteurPatrick Gheysen

Vraiment moi-même ! Coca-Cola light ®

Etre soi-même, c’est « tendance » ! Les publicitaires l’ont bien compris, épousant l’air du temps avec des slogans du calibre de l'une des dernières campagne de Coca-Cola. A ce niveau-là, on ne peut leur faire aucun reproche, tant il semble vital pour chacun d’entre nous de rester nous-mêmes dans une société qui nous pousse de plus en plus à coller aux dictats de la mode et des médias. Les pressions qui s’exercent sur nous en permanence, par le biais d’un monde hyperbranché et hyper-communiquant, sont parfois difficiles à identifier, tant elles font partie de notre quotidien. ​​

« Travailler plus pour pouvoir consommer plus » semble être devenu la petite musique qui bat la mesure de nos vies d’occidentaux repus et pourtant jamais comblés. Aux USA, les Downshifters (adeptes de la décroissance) ont fait le choix de marquer une pause dans la course effrénée qu’était devenue leur vie. Ils sont prêts à échanger l’argent contre le temps. C’est le concept de la « simplicité volontaire » (downshifting), avec dans la même mouvance le mouvement Slow, qui nous propose de lever le pied et de ralentir le rythme dans tous les aspects de notre vie. Le succès de ce mouvement, qui commence à faire des émules outre-Atlantique, tient sans doute du fait qu’il met en cause les fondements de notre culture de la compétition acharnée. Et comme le disait Henry David Thoreau il y a déjà plus d’un siècle, « La vie est trop courte pour que l’on soit pressé » !


Voilà une bien belle manière d’affirmer son droit à être soi-même et à vivre selon des valeurs qui respectent nos besoins fondamentaux et existentiels en tant qu’êtres humains. On est loin des stéréotypes publicitaires narcissiques qui déclinent la revendication d’être soi-même de manière nombriliste et artificielle ! Face à de telles prises de positions saines et courageuses de la part de certains de nos contemporains, comment ne pas se poser la question de façon plus spécifique, comment ne pas se demander si, en tant que chrétiens, nous arrivons à conserver intact ce désir d’être nous-mêmes, à la fois dans tous les domaines qui touchent à notre quotidien, mais aussi de façon intrinsèque par rapport à ce que l’on pourrait appeler notre « Moi profond » ?


Certes, si l’on s’en tient à la Théologie Paulinienne, entre le vieil homme et l’homme nouveau, lesquels sont encapsulés dans le labyrinthe du corps, de l’âme et de l’esprit, nos trois instances constitutives, il est souvent complexe de s’y retrouver ! Il est alors parfois plus simple de parler de notre « Moi réel » pour arriver à identifier ce à quoi pourrait s’appliquer la démarche de vouloir devenir d’avantage soi-même…


Il est clair qu’en tant que chrétiens, nous avons quelques appréhensions, voire même des réticences, à la perspective de « devenir nous-mêmes ». Notre « vieil homme » est tellement pourri et corrompu… Nous serions terrifiés de le laisser remonter à la surface pour affirmer son droit à faire partie de la fête ! Quand à « l’homme nouveau », il ne tient d’équerre qu’à force d’efforts intenses et répétés pour le maintenir à un seuil raisonnable de sainteté, le bougre ! La frontière entre l’âme et l’esprit, elle, est un véritable no man’s land : impossible de savoir où se trouve la douane… Et le corps, bigre, qu’est-ce qu’il prend comme place celui-là ! Pourtant, l’enseignement du Christ, qui nous renvoie encore et encore à nous-mêmes, semble nous inciter fortement à devenir « Je suis celui que je suis » (ou « Je suis celui que je serais ») et ce d’une manière adulte et pleinement assumée, dans un objectif d’épanouissement personnel autant que collectif. La confiance serait-elle la clé de cette énigme ? Confiance en Dieu, confiance en soi, confiance dans les autres… Faire confiance à la présence du Saint-Esprit dans nos vies pour être en capacité de s’ouvrir à soi-même et aux autres ? Serait-ce le chemin vers ces étapes de développement personnel que nous devons tous aborder progressivement, de peur de rester bloqués en cours de route, ankylosés dans nos peurs et nos aprioris ?

On ne se cherche pas, on ne se trouve pas : on devient ! Sagesse élémentaire, mais aussi profonde analyse de la complexité de cette thématique à double tranchant de l’affirmation de soi. Seule l’humilité, la modestie, et le regard réaliste que nous porterons sur nous-mêmes nous permettront de nous épanouir dans cette acceptation bienveillante de notre personnalité réelle, de notre moi profond, et de nos aspirations les plus essentielles.

Qui font de nous tous, et ce de façon permanente, des êtres en devenir perpétuel…


Patrick GHEYSEN

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Se chercher, c’est entretenir l’illusion qu’on peut se trouver. Or, on ne se trouve pas : on devient. François Garagnon ©


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