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Photo du rédacteurPatrick Gheysen

Etes-vous Upo-tagès ou bien Hup-akouè ?

Bien comprendre ce que signifie "Obéir à Dieu" est fondamental. Comment sinon ne pas se sentir écrasé par une Parole souvent exigeante, et parfois difficile à interpréter. Nous avons demandé au théologien Jean Ansaldi de nous éclairer sur ce thème complexe et sensible...


Le Nouveau Testament utilise deux mots principaux que l'on traduit souvent par « obéissance » :

1. « Upo-tagè » que l'on peut traduire plus finement par « se soumettre » qui vient de « tassô » : mettre en rang, ranger, aligner en ordre de bataille, etc. C'est dans ce sens que, toujours dans le Nouveau Testament, l'enfant obéit à son père, le jeune Jésus à ses parents, que le centurion commande à ses subalternes, etc.

2. « Hup-akouè » qui vient du verbe « akouô » qui signifie « entendre, déployer ses oreilles, comprendre, etc ». On peut le traduire plus finement par « écouter ». Il ne s'agit pas ici d'exécuter un ordre mais de se mettre à l'écoute de la parole d'un autre avant de se décider par soi-même. C'est ce second mot qui est utilisé dans l'hymne de Philippiens 2,8 : Jésus n'est pas devenu « soumis » au Père jusqu'à sa mort mais il est devenu un « écoutant » de ce même Père jusqu'à sa mort. Autrement dit, et pour prendre une image, ses oreilles étaient déployées dans le sens du vent, dans le sens d'où venaient les paroles du Père. C'est aussi ce même mot qui , dans l'évangile de Jean, caractérise l'invitation à écouter le Christ.

Certes, dans la vie d'un enfant et même d'un adulte, il est des limites et des lois qui appellent l'obéissance-soumission. Mais il n'est pas possible d'étendre cette dimension à la vie chrétienne devant Dieu. En effet, depuis la croix et la résurrection du Christ, nous ne sommes plus sous la loi (fut-elle d'origine divine) ; le Père nous considère comme des fils et filles majeurs libérés par le Christ (cf toute l'épître aux Galates). Ce à quoi nous sommes maintenant appelés c'est à obéir au second sens indiqué ci-dessus : non pas exécuter un ordre mais nous mettre à l'écoute d'une Parole : celle-ci n'est pas ordre mais promesse, libération, grâce. Elle nous rend libres des déterminations qui nous asservissaient pour nous permettre de discerner dans l'auourd'hui de notre existence le chemin qu'il nous est posssible d'emprunter. « Obéir » c'est écouter la Parole puis d'exercer notre liberté chrétienne pour l'incarner.

Luther dans son ouvrage « La liberté du chrétien » (et ailleurs) a lutté pour qu'il en soit aussi ainsi dans la structure ecclésiale : les responsables d'Églises ont certes des paroles à dire ; les fidèles sont certes invités à les écouter. Mais comme une parole qui les appelle à réfléchir et à se décider par eux-mêmes et non comme des ordres à éxécuter. Les Églises n'ont pas de « prêt-à-penser-et-à-exécuter » à offrir car la liberté chrétienne est inaliénable, don du Christ à même de provoquer la rencontre de la foi. Ce qui ne signifie pas que le fidèle n'ait pas à se mettre à l'écoute de Dieu et des frères avant de se décider.


Jean Ansaldi pour Paraboles.net Tous droits de reproductions réservés.


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