L’artiste chrétien peut-il s’inscrire dans un courant contemporain ?
Le chrétien sait que sans la tradition, il se perd. Les prophètes qui par la véhémence de l’Esprit poussaient le peuple d’Israël vers l’avant et tentaient de l’élever vers Dieu, ces prophètes accomplissaient des gestes fous, proféraient des paroles inouïes, mais ne transgressaient jamais la Loi qui représentait la tradition. Je ne veux bien sûr pas nier la tension qui existait entre les tenants de la tradition et les courants prophétiques, elle s’explique par la crainte que ceux qui s’érigent en gardiens des traditions de toutes les époques ont vis-à-vis de la nouveauté. Ils n’ont rien à craindre, il n’y a pas de nouveauté absolue, c’est l ‘Esprit qui renouvelle absolument et de l’intérieur la tradition vivante.
Anonyme.
Commentaire : Titre de l'article : Art, Artistes Nom ou Pseudo : BRUNO LEROY. Pays : Francophonie Réaction : Les mots se mettent à jouer sans plus se prendre au sérieux. Telle est la poésie. Refus de dominer, volonté d'admirer, la poésie permet de parler à Dieu sans le violer. Le discours non-utilitaire laisse intact le Mystère. Voilà pourquoi c'est surtout dans ce registre là qu'est écrite la Bible. Le Petit Prince de Saint-Exupéry m'a introduit dans cet univers. Les " grandes personnes " ne pensent que chiffres et, pour être convaincues de l'existence du petit bonhomme, elles n'attendent que le numéro de son astéroïde. Les enfants, eux, deviennent amoureux du petit prince quand on leur dit qu'il a les cheveux couleur de blé. " Dessine-moi un mouton...! " Et l'aviateur de lui dessiner une cage pour avoir la paix. Que le petit prince imagine lui-même le mouton qui se trouve à l'intérieur ! Mais notre petit bonhomme s'en est trouvé très bien, car il recevait ainsi un espace pour son expérience personnelle. " Parle-nous de Dieu...! " La tentation serait de dessiner Dieu comme on esquisse un mouton et de le définir à force de concepts précis. Or Dieu n'est pas à circonscrire. Il est à rencontrer. Il est amour offert à notre liberté et seul le poète peut parler respectueusement de l'amour, car il ne confisque pas les mots : il nous les présente comme un royaume à explorer. Combien de grands mystiques n'ont-ils pas été de grands poètes ? En mathématique, lorsqu'on a trouvé la solution, le problème est épuisé. Lorsqu'il s'agit de Dieu, on est devant l'inépuisable et la surabondance. Les mots ne peuvent plus qu'introduire au seuil du Mystère, comme la cage livrait le mouton tout en le cachant. Et bientôt, les mots doivent se taire pour faire place au silence, silence d'admiration devant l'ineffable, extase, adoration. Devant Dieu, on ne peut que rester bouche bée. Le mot " mystère " vient du verbe grec qui signifie " se taire ". Il faut être poète pour parler de Dieu, mais il n'est pas nécessaire d'appartenir à la caste des spécialistes. En chaque homme sommeille un petit coin de poésie, un espace où les mots se libèrent de leur carcan et tentent de nommer l'Essentiel. Pour être poète ne suffit-il pas d'être amoureux ? Chaque chrétien, de par son baptême et sa confirmation, a reçu l'Esprit qui sonde le silence de Dieu. Avoir la foi ne sera jamais réciter par coeur les formules du parti, mais être introduit au grand large de l'océan divin où chacun peut se rendre compte par lui-même, emporté par un vent de liberté. Jésus parlait en paraboles. Celui qui n'a pas une âme d'enfant et un coeur de poète ne peut comprendre l'Évangile jusqu'au bout. Pour goûter un poème, il faut que la liberté s'offre, qu'elle se laisse faire et accueille les mots en les laissant retentir. Les mots sont des éveilleurs, mais jamais malgré nous. Le croyant est un poète qui s'abandonne dans les bras de Dieu. Et là, l'aventure de la Vie commence... Bruno LEROY. Éducateur de rue.