Patrick Gheysen
Infographiste et concepteur de sites Internet, Patrick Gheysen a fait Art-Déco à l'Institut Saint-Luc de Tournai, après avoir fréquenté les Beaux-arts de Dunkerque. Il est aujourd'hui marié et père de 4 enfants, et vit à Montéléger, un petit village dans la Drôme.
Interview :
Patrick Gheysen, vous êtes artiste peintre et illustrateur, tout en étant très impliqué dans l’informatique et les nouvelles technologies. Comment conciliez-vous ces deux extrêmes ?
e ne parlerais pas de deux extrêmes…
En effet, les outils qui sont mis aujourd’hui à notre disposition ouvrent de nouvelles possibilités créatives, et ne ferment pas l’horizon de l’inspiration. Bien sûr, on perd quelque chose au niveau de la matière, et de ce contact particulier avec la gouache, l’huile ou l’aquarelle, par exemple… Mais d’un autre côté, l’imagination semble ne plus avoir de barrières, pour autant que l’on soit à l’aise avec les logiciels de 2D et de 3D. Et de toute façon, sans formation « classique » à la base, de style beaux-arts ou art-déco, il me semble difficile de vraiment dépasser la notion « d’outils », pour entrer pleinement dans le champs de la création pure !
Votre société, Graffiti Connexion, réalise de nombreux site Internet, notamment pour des structures ou des œuvres chrétiennes. Comment conjuguer « production », « rentabilité » et « liberté créative » ?
Il faut savoir changer de champs, de cadre de référence. Lorsque nous sommes face à un client, « notre art » consiste à entrer dans son projet, et à comprendre ses objectifs. Il nous faut alors initier un vrai dialogue avec l’entreprise ou l’association en question, pour les aider à développer une identité visuelle forte. C’est donc aussi un travail de communication et de conseil, mais avec un rôle prépondérant donné à l’aspect graphique. En d’autres termes, dire avec des images, traduire la réalité du terrain de façon visuelle, et promouvoir une activité par le biais de la création graphique.
A ce stade-là, l’outil ou la technique sélectionnée deviennent secondaire, voire même anecdotique. Ce qui compte le plus, c’est de répondre au besoin du client, et de le faire dans un certain cadre éthique et esthétique… Pour autant, le risque de s’enfermer dans une logique de production ou de rentabilité existe, il menace tous les créatifs, et c’est bien sûr un vrai combat que de réussir à garder la tête au-dessus de la mêlée ! Dans ces moments-là, il faut se souvenir de notre « cœur de métier », de ce qui nous anime le plus profondément. Et les clients qui sont sensibles à cette dimension s’y retrouvent largement…
Et le fameux débat " artistes chrétiens " ou " chrétiens artistes ", qu’en pensez-vous ?
C’est à mon avis un faux débat. On est d’abord soi-même, avec nos qualités et nos défauts, avec nos talents et nos manques. Il faut déjà gérer tout cela comme tout le monde, et le fait d’être chrétien va forcément influer sur la façon dont nous allons ainsi tenter de devenir nous-même, mais aussi sur notre façon d’être « artiste ». Ce sera un cheminement différent pour chacun, et c’est ce qui en fait toute la richesse.
Lorsque je suis seul dans mon atelier, et que je travaille sur une toile, j’essaye de ne pas me laisser brider par des règles morales, ou par des réflexes « évangéliques ». Là aussi, l’artiste doit résister pour rester libre, pour éviter les interférences et les parasites, qu’ils soient cultuels ou idéologiques. Ce qui ne veut pas dire qu'il faut être complexé par rapport à sa foi personnelle. Il n'y a pas de contradictions entre la notion de liberté créatrice et la foi...