Rencontre avec Christophe Delvallé
Christophe Delvallé est dessinateur d'humour, de presse et de BD, auteur de BD, de galeries de dessins, ... En savoir plus : www.delvalle.fr Communication BD pour les entreprises : www.communication-bd.com
Interview :
Christophe, tu es dessinateur de BD, et tu travailles depuis de nombreuses années dans le domaine de la communication visuelle. En tant que chrétien, que penses-tu de la manière ont beaucoup d'églises, de dénominations chrétiennes, ou de groupes se réclamant du christianisme, communiquent aujourd'hui ?
A part quelques exceptions près, je trouve la manière de communiquer des églises chrétiennes plutôt décalées avec la réalité des croyants d'aujourd'hui. On communique toujours comme il y a 50 ans, avec des images et des maquettes dont ne voudrait même pas l'épicerie « Tronchard & frères » (celle qui est à côté de la boulangerie). Selon les églises, on nous montre soit des gens qui sourient niaisement, explosant de bonheur à tout va, comme si les chrétiens se piquaient à l'endomorphine. D'un autre côté, on rivalise de tristesse, ressortant les tubes de gouaches marrons que nos grand-pères avaient enterrés avec les tranchées. Je suis consterné de voir à quel point grand nombre de chrétiens n'ont pas d'humour sur eux mêmes, comme s'il ne fallait pas toucher à une image ancrée jusqu'à la moelle depuis des siècles. Pourquoi les chrétiens ne communiquent-ils pas plus par la BD, le dessin animé, le cinéma de comédie, le théâtre comique ? Sommes-nous à ce point obligés de supporter ces images d'Epinal (ou de sa banlieue) d'une église triste et sérieuse, ou celle bien pire encore, d'une assemblée qui cache ses conflits internes en arborant des images de familles qui sourient, à un point tel qu'on dirait une pub pour un dentifrice. Les chrétiens de 20 ou 30 ans ont certainement du mal à se retrouver dans ces images surannées.
Ton constat semble juste, et en même temps un peu décourageant, car cette réalité que tu décris montre à quel point les chrétiens ont du mal à communiquer, mais aussi à quel point il est difficile à nos contemporains de s’approcher « simplement » des valeurs de l’évangile. Est-ce un fait moderne, où bien penses-tu que globalement les structures chrétiennes ont toujours eu du mal à rendre visible le message dont elles sont censées être les porteurs attitrés ?
Quand tu cites que nos contemporains ont du mal à s'approcher des valeurs de l'Evangile, je pense que c'est bien là le problème, non pas dans le fond, mais dans la forme. Le mouvement est dans le mauvais sens. Ce ne sont pas eux qui risquent de s'approcher, c'est nous qui devrions aller vers eux. C'est cela l'évangélisation ! C'est cela la communication ! Et pour bien communiquer, il convient d'adapter notre langage à celui à qui on veut parler. Si l'on s'adresse à un petit enfant, on commence par s'accroupir, puis on lui parle avec des mots de son âge. Pour les adultes c'est pareil. Comment espérer attirer des jeunes avec un langage qui n'a pas le moindre rapport avec leur univers ? Quand au fond, c'est-à-dire l'Evangile, il ne faut évidemment rien y toucher. Si les religions indiennes ont tant attiré les jeunes des années 70, c'est parce qu'elles avaient gardé une identité intègre et surtout un sens du sacré que les églises chrétiennes avaient perdu. On a voulu faire du jeunisme en bouleversant tout. Dommage, il ne fallait surtout pas ôter l'essentiel. Aujourd'hui l'homme n'a pas changé son besoin immense de spiritualité. Ne touchons surtout pas au moindre cheveu du message du Christ, car ce message reste pur, et il s'adresse directement au cœur de l'homme, de chaque homme. Ce qui pèche à mon avis, c'est la forme. En d'autres termes, quand Dieu parle, quelque soit l'époque dans laquelle nous vivons, nous pouvons le comprendre car il adapte sa parole à notre niveau de compréhension, alors que de notre côté, nous mettons tellement de freins à l'évolution de notre communication qu'en quelques années elle devient dépassée. Et pour répondre au dernier point, je pense que les chrétiens on tort de penser qu'ils sont les porteurs attitrés des valeurs de l'Evangile. Et c'est parce que les Eglises sont persuadées de posséder la vérité qu'elles n'ont cessé de se battre entre elles. Quel orgueil ! Dieu merci, les esprits évoluent (grâce à des espaces comme Paraboles.net entre autres).
Quel serait les conseils que tu pourrais donner, en tant que communiquant professionnel, pour aider et orienter celles et ceux qui voudraient devenir des meilleurs "transmetteurs" des valeurs essentielles de la foi chrétienne ?
En fait, je crois que tu touches là à l'essentiel. Quand on veut communiquer, a t-on une véritable raison de le faire ? A t-on quelque chose de réellement bon à transmettre ? Et je vais peut être te choquer, mais les chrétiens ont-ils des valeurs meilleures que les Bouddhistes, les Musulmans... et même les groupements de toutes sortes tels que les communistes par exemple ? Ne prônent-ils pas tous à leur façon l'amour entre les hommes, l'égalité, la fraternité, le respect de l'autre ? Les valeurs ne sont-elles pas les mêmes ou presque ? Je pense que la vraie question à se poser est : faut-il évangéliser ? Et si nous sommes capable d'y répondre en toute sincérité – je veux dire en ayant sondé les profondeur de notre âme sans être influencé par un quelconque prédicateur – alors il nous sera impossible de garder pour nous ce que nous avons découvert ? Alors nous aurons la plus belle énergie qui soit et notre communication (évangélisation) déplacera des montagnes. Roger Shultz est mort dernièrement. Cet homme était tellement habité par l'Esprit-Saint que j'en ai été bouleversé, rien qu'en croisant son regard, il y a 30 ans. Frère Roger n'était pas médiatique, et pourtant, combien d'âmes il a transporté sous son sillage ! Pour bien communiquer, il faut d'abord être congruent, aligné, c'est-à-dire que notre corps, notre esprit, notre cœur et notre âme soient tous dans le même sens, des récepteurs de l'amour. Evidemment, je n'explique que rarement cela à mes clients car il s'agit de notions spirituelles.
Pourrais-tu donner quelques conseils pratiques, des pistes à explorer, des idées, pour aider ceux qui souhaitent entrer dans cette dynamique de progrès et de « contextualisation » de leur communication graphique et rédactionnelle ?
Oui, je pense qu'il faut simplement adapter la communication des chrétiens à la communication des entreprises d'aujourd'hui. Bande Dessinée, dessins animés, humour... les pays nordiques sont rois dans ce domaine en publicité. Leurs spots sont souvent très provocateurs tout en restant respectueux. Adaptons la communication à cette dynamique actuelle, et pourquoi pas même, soyons d'avant garde ! Je pense surtout que les religions manquent singulièrement d'humour. Rions de nous mêmes au lieu de prendre la mouche dès que quelqu'un le fait. Je pense que tout le monde a à y gagner.
Jesus chez les Pharisiens par Christophe Delvalle
Jésus s'est souvent "pris le bec" avec les Pharisiens, mais on sait rarement ce qu’eux ont pensé de leur rencontre avec Jésus. Cette bande dessinée les fait parler et, par contraste, on se rend compte du choc culturel et religieux que représenta le message de Jésus. Une bonne occasion, au travers de ces planches d'un humour décapant, de présenter ce même Evangile à nos contemporains.
Commentaires : Titre: Christophe Delvallé Nom ou Pseudo: kappoly Email: Pays: Réaction: Je vous félicite pour cette initiative. je suis moi-meme dessimateur et j'apprécie ce que vous faites en faisans passer des messages bibliques pae l'humour. en effet, je souhaiterais l'accent sois mis sur le sujet le plus important de la bilbe. C'est à dire le plan de Dieu pour sauver les ames. J'espère bien que ma suggesrion sera prises en compte. Que Dieu vous bénisse.