Jean Ansaldi
Je suis né à Menton il y a 68 ans. Je suis docteur d'État en théologie. J'ai été pasteur à Jarnac et à Uzès puis, pendant 20 ans, professeur de théologie systématique à la Faculté de théologie protestante de Montpellier et j'ai simultanément enseigné la psychanalyse à l'Université de Montpellier III. Je suis actuellement à la retraite à Uzès (Gard).
Interview :
Qu'est-ce qui vous a amené à développer cet attrait et ce désir d'approfondir la théologie ?
La théologie cherche un langage pour dire l'Évangile dans la culture des hommes et des femmes de notre temps et de notre lieu ; il s'agit de chercher à proclamer la Bonne Nouvelle de manière audible. C'est ce désir de partager le Christ avec le plus grand nombre qui m'a conduit à chercher ce langage commun et donc à travailler davantage la théologie.
On parle souvent de cet équilibre difficile à trouver entre une lecture fondamentaliste de la Bible et une lecture libérale. Comment le concevez-vous ?
Le fondamentalisme croit que la lettre transcrit sans restes la réalité du Christ et de son Évangile, l'homme dispose donc du Seigneur quand il le veut, il a la Parole de Dieu sous la main et à sa disposition ! Le libéralisme fait de la raison humaine le juge de ce qui est bon à prendre ou à laisser ; comme le fondamentalisme, il donne à l'homme une toute-puissance sur les textes. En fait, les différents livres du Nouveau Testament ont été écrit par des hommes qui, ayant vécu une forte rencontre avec le Christ, en témoignent dans leurs mots et leurs cultures respectives; le Nouveau Testament se présente donc d'abord comme des paroles humaines sur Dieu. Dans l'expérience de la foi, l'Esprit s'empare de ces textes et parle par eux; les textes bibliques deviennent alors Paroles de Dieu. Autrement dit, que le Nouveau Testamentdevienne Parole de Dieu pour moi n'est pas à ma disposition; c'est un miracle que je ne peux provoquer. Comme pour les disciples d'Emmaus, c'est dans une relation vivante avec le Christ que je reçois sa Parole comme une nouveauté qui m'est adressé.
Vous avez beaucoup travaillé la psychanalyse, elle vous a aidé à accompagner des hommes et des femmes sur le chemin de la guérison. Comment articulez-vous théologie et psychanalyse ?
Quand on lit attentivement les évangiles, on constate que le ministère de guérison de Jésus a été très important, surtout auprès de la souffrance psychologique. Les Pères de l'Église ont beaucoup cheminé avec ce type de souffrance en utilisant les connaissances psychologiques de leur époque (psychologise néo-platonicienne et aristotélicienne). Aujourd'hui, les sciences de l'homme ont changé et se sont approndies, notre approche doit changer aussi. Je me sers beaucoup de la psychalyse comme manière d'écouter celui qui souffre, en vue d'affiner la source précise de cette souffrance. Quand celle-ci est repérée, à la différence des psychalystes, c'est un Évangile personnalisé que je pose. Quand je regarde en arrière, je suis reconnaissant des guérisons opérées dans la vie de ceux que j'ai accompagné à certains moments de leur vie.
Vous dites qu'il existe une vérité absolue mais plusieurs langages pour la dire. Pouvez-vous vous expliquer ?
Pour le Nouveau Testament, la vérité n'est pas une notion mais une personne, celle de Jésus-Christ. La vérité, ce n'est pas un discours sur lui mais le Seigneur lui-même. La vérité ne se possède donc pas mais elle se rencontre dans la communion avec le Christ. Or, aucun langage ne peut épuiser une personne ; ici, les mots désignent mais ne capturent pas. C'est pour cela qu'il y a quatre évangiles et non un seul et qu'on ne peut les harmoniser : chacun d'eux traduit une expérience différente du Christ; Paul parle du Christ à partir de ce qu'il a vécu sur le chemin de Damas, il n'a pas fait la même expérience que Pierre. La théologie est donc nécessairement plurielle. Est-ce à dire que tous les discours conviennent ? Certes non car il est des discours sur Dieu qui parlent d'un dieu inconnu du Nouveau Testament. Justement, le canon des Écritures est là pour marquer la limite des discours possibles sans pour autant les réduire à l'unité.
Commentaires :
Titre de l'article : Jean Ansaldi Nom ou Pseudo : Clawe Réaction : Rien dans les orientations choisies par les libéraux ne me semble aller dans le sens d'une recherche de toute-puissance sur les textes bibliques : Le libéralisme ne prétend pas que tout soit compréhensible par la raison, il dit seulement que l'exercice de la pensée constitue la meilleure défense contre les fanatismes religieux qui nous menacent. S'il a recours à la lecture critique des textes bibliques et à la réflexion, ce n'est aucunement pour exercer une quelconque toute puissance, mais pour approfondir modestement notre compréhension de ces textes, les lire autrement, en chercher le sens plutôt que de le voir se l'imposer. Par ailleurs, s'il désire s'ouvrir aux autres religions, c'est bien parce qu'il estime qu'on y trouve d'authentiques valeurs spirituelles et que les chrétiens ont quelque chose à recevoir d'elles. Les libéraux estiment aussi qu'il existe toujours une distance entre ce que Dieu est et ce que nous en disons, refusant alors d'attribuer une valeur absolue à ce que nous en disons. Ils définissent leurs orientations par des interrogations et des doutes (lire à ce propos « un éloge du doute » de Laurent Gagnebin sur le site de Théolib)plus que par des réponses ou des positions tranchées, ce que je trouve somme toute assez modeste.
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Titre: Jean Ansaldi Nom ou Pseudo: ANSALDI Email: LORAINAL@ORANGE.FR Pays: Monde Réaction : BONJOUR JE VOIS QUE JEAN ANSALDI DIT ETRE NE A MENTON JE VOUDRAIS SAVOIR Y A T IL VÉCU CAR J'AI HABITE CETTE VILLE AVEC MA FAMILLE ET NOUS AVONS LE MÊME AGE JP ANSALDI