Qui sont les évangéliques ?
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Interview :
Evangélistes ou évangéliques ?
Le terme original en anglais est evangelicals. En français, certains l’ont traduit par “évangélistes” (comme on dit méthodistes). Mais la traduction “évangéliques” est préférable, pour éviter la confusion avec les quatre évangélistes du Nouveau Testament (Matthieu, Marc, Luc et Jean).
Quelle est l’origine de ce courant religieux ?
C’est un théologien américain du XVIIIe siècle, Jonathan Edwards, qui est considéré comme le père de l’évangélisme. Ce pasteur calviniste se désolait du caractère routinier de la pratique religieuse. Ses écrits sur le rôle des “affects” dans l’expérience de la foi ont conduit au premier “grand éveil”, ainsi qu’on appelle ces retours périodiques à la religion qui ont marqué l’histoire des Etats-Unis. Pressentant peut-être le risque de sectarisme, Jonathan Edwards expliquait que l’intensité des sentiments envers Dieu ne devait pas entrer en contradiction avec la raison. Lors du second “grand éveil”, à la fin du XIXe siècle, l’évangélisme s’est affirmé comme une forme typiquement américaine du protestantisme : égalitariste, individualiste, prosélyte, à la fois mystique et terre à terre, avec une propension au littéralisme biblique. Le troisième “grand éveil”, celui de ces trente dernières années, y ajoute deux composantes : les mass media et la mondialisation. Pour conquérir de nouvelles âmes, les Eglises ont recours au télévangélisme, à la musique rock, à la vidéo, au cinéma, aux sagas romanesques. Adaptées au mode de vie suburbain, les méga-églises ressemblent à des centres commerciaux. Dans le monde entier, l’évangélisme coïncide avec la diffusion des modèles culturels américains.
Evangéliques, “born again”, pentecôtistes...
Ces trois notions se recouvrent en partie. Les évangéliques et les born again christians(chrétiens re-nés) peuvent appartenir à toutes sortes d’Eglises ou “dénominations”, en général des branches du protestantisme. Tous se réfèrent à la Bible et insistent sur leur rapport personnel avec Dieu ou Jésus, établi lors d’une redécouverte de la foi (c’est le cas, désormais célèbre, de George W. Bush). Après le baptême ou la conversion (“première bénédiction”), le croyant a besoin d’une “seconde bénédiction” pour confirmer son engagement. Le pentecôtisme, né en 1901 au Kansas, prône quant à lui une “troisième bénédiction”, le “baptême dans l’Esprit” : la descente de l’Esprit saint provoque des transes, des guérisons et le don des langues (tel celui reçu de l’Esprit saint par les apôtres lors de la Pentecôte). Le pentecôtisme est décrit comme la “religion des pauvres”, mais il promet la richesse et la réussite.
Combien sont-ils ?
Selon les projections de la World Christian Encyclopedia , on a estimé en 2005 dans le monde 210 millions d’évangéliques et 523 millions de pentecôtistes (sur 1,9 milliard de chrétiens), répartis en une myriade d’Eglises comptant de quelques dizaines à plusieurs millions de membres. Trente-neuf mille dénominations sont répertoriées, dont plus de la moitié dans le tiers-monde. La Chine est le pays où le nombre de convertis augmente le plus vite (10 000 par jour), ce qui fait d’elle le troisième pays chrétien de la planète, après les Etats-Unis et le Brésil. L’Afrique et l’Asie sont des terres de mission depuis déjà longtemps, l’Europe de l’Est a suivi, et c’est maintenant le monde arabo-musulman qui est la cible. Les missionnaires évangéliques venaient au début des Etats-Unis, mais d’autres pays (Brésil, Nigeria, Corée du Sud) ont pris le relais.
Quel est leur rôle politique ?
Les 40 % d’Américains qui se déclarent évangéliques ou born again ont indéniablement joué un rôle dans la réélection confortable de George W. Bush. Leurs revendications politiques portent sur les “valeurs chrétiennes” (hostilité à l’avortement et à la recherche sur les embryons, au mariage homosexuel, à l’euthanasie), mais finissent par rejoindre le programme de la droite ultraconservatrice (sur la guerre en Irak et la sécurité intérieure). L’évangélisme de gauche à la Jimmy Carter est très minoritaire. En Amérique latine, leur rôle est plus complexe. La pratique démocratique de ces groupes protestants contraste avec la hiérarchie propre au catholicisme, très lié aux élites traditionnelles.