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Photo du rédacteurPatrick Gheysen

Et voici que Jésus débarque en Samarie !

Si on lit bien le texte, ce n’est pas vraiment par le fruit d’une décision mûrement éprouvée que Jésus arrive dans cette bourgade de Samarie nommée Sychar. Littéralement, « C'est ainsi qu'il arriva ».

On sent de toute évidence qu’il y a du stress dans l'air, de la pression comme souvent dans les évangiles, et Jésus est (comme tout un chacun) à nouveau bousculé par le contexte et par un environnement hostile : en l’occurrence, les pharisiens qui le traquent de plus en plus près ! Est-ce que Jésus à peur ? Nul ne le sait. Mais il est habile et bon stratège, et sait maîtriser les vents contraires comme un bon navigateur, comme un aventurier chevronné…


Mais une fois de plus, il est fatigué. C’est son côté humain, celui que l’on préfère, même si on est trop souvent tenté de le considérer comme le « super-héros de service » permanent ! Et donc il s’assied sur le bord du puit à la pire l’heure, celle du grand cagnard. Midi au Proche-Orient, un vrai barbecue !


Jésus est donc fatigué, il transpire, il a soif, et voici qu’une femme arrive. A force de lire la Bible, on s’habitue au langage religieux des traductions successives. Cela donne : « Une femme samaritaine vint pour puiser de l'eau ». Une bonne base pour un cantique édifiant parmi tant d’autres ! Aujourd’hui, on aurait peut-être dit « Une super nana arriva en crissant des pneus sur une grosse cylindrée pour faire le plein ! »


Mais le réel, c’est aussi qu’un homme célibataire, fatigué et assoiffé rencontre une femme qui, vu son parcours, n’est pas la « Sainte Nitouche » du bled… Le texte ne nous dit pas si elle est jeune et séduisante. De toute évidence, c’est une femme d’expérience qui a fréquenté de nombreux hommes, qui été mariée cinq fois, et l'homme avec lequel elle vit actuellement n'est pas son mari. La Vamp du village, quoi ! Surtout dans le contexte hyper religieux et légaliste de l’époque…

Est-ce que Jésus se masque les yeux et s’enfuit pour aller prier au désert ? Pas du tout ! Bien calé, il entame un dialogue tranquille et décontracté avec cette femme dont il connaît visiblement bien les détours et autres incartades. Il y a donc une certaine forme d’humour décalé dans cette rencontre, mais aussi beaucoup de « compassion ».

Un terme certes pudique et compassé, qui veut dire aussi (selon moi) « Élan d’affection profonde et spontanée ». En d’autres termes, il l’aime, tout de suite et telle qu’elle !


Et voici que tous deux se mettent à parler de théologie et d’autres questions fondamentales ! Pourquoi et comment ? Tout simplement parce que Jésus brise les murs, renverse les tabou et « qu’oubliant » son identité dominante de Juif, il demande à boire à une samaritaine (une intouchable, membre d’une race et d’une ethnie impure). Il n’est pas, bien sûr, motivé que par la soif, car la suite du dialogue nous emmène bien plus loin, en eaux profondes, le puit devenant « parabole », c’est-à-dire support symbolique pour de nombreuses lectures et relectures de ce texte qui à lui seul résume le cœur des évangiles. Grosso-modo, cette histoire bouscule et dérange, même si on l’a depuis bien longtemps rangée dans notre librairie d’imageries pieuses et édulcorées ! C'est bien sûr dans ce sens que les photos qui illustrent cet édito ont été choisies et intégrées, pour choquer et redonner à ce texte tout son impact initial... La femme au puit, tu planes ou quoi ??? C’est plutôt l’histoire de la fameuse rencontre de Jésus avec la nymphomane de service !

De nos jours, ce type de femme aurait sans doute pris de la came et peut-être même tourné dans des clips pornos. Mais ça, dans les églises, même les plus charismatiques, il ne faut surtout pas en parler : imaginez seulement une seule seconde qu’elle ait le sida ? Qu’elle horreur ! Déchirons vite les pages de cet épouvantable Nouveau Testament laxiste pour revenir vers la Loi, celle de celui qui apparaît parfois comme le « Dieu colérique de l’Ancien Testament", le gendarme de service qui faire régner l’ordre et la justice, et en même temps comme un Dieu bienveillant et plein d'amour !



Et voici que Jésus transforme en un temps records cette femme "perdue" en témoin, en boussole, en repère pour les habitants de sa bourgade qui ne devaient pourtant pas avoir une très bonne opinion d'elle ! Elle est franche et directe, et pose à Jésus les bonnes questions. Elle a raison, parce qu'elle reçoit en retour les bonnes réponses (ce qui fera l'objet d'un autre édito). Et dans sa spontanéité, elle va de suite répercuter et expliquer tout cela aux autres samaritains, aux autres "intouchables" de son village... Jésus devient donc non seulement un objet de curiosité locale, mais bien plus, un hôte, un invité de marque. Durant 2 jours il vit avec eux, les rencontre, partage, écoute, explique, enseigne...

Et de ce temps d'hospitalité émerge une grande révélation :


« Et nous savons qu'il est vraiment le Sauveur du monde ! »

Les habitants de Sychar ont compris cette grande leçon que nous tardons tant, en tant que chrétiens, à intégrer et à vivre, à force de théologiser à n’en plus finir. Oui, Jésus est vraiment « Le Sauveur du Monde », et non pas seulement celui des purs, des croyants, des élus et des (autos) choisis ! Jésus n’est pas seulement le rédempteur de tous ces gens bien propres qui vont à l’église tous les dimanches. Il est aussi le Sauveur du monde qui pue, qui transpire, qui souffre, qui doute, qui saigne, qui chute, qui rampe et agonise ! Il est aussi le Sauveur de tous ceux qui veulent persévérer dans une parabole d’espérance qui s’appelle l’évangile, pour autant que cette bonne nouvelle ne devienne pas ce récit mièvre, écrit à l’encre doucereuse et dégoulinante de la guimauve, que nous présentent si souvent les "religieux" de notre époque ! On parle bien du réel, et le réel ça tâche, comme le gros rouge ! Patrick Gheysen (Tous droits réservés pour paraboles.net)



Les pharisiens avaient entendu dire que Jésus faisait et baptisait plus de disciples que Jean. (A vrai dire, Jésus lui-même ne baptisait personne, il laissait ce soin à ses disciples.) Lorsque Jésus l'apprit, il quitta la Judée et retourna en Galilée. Il lui fallait donc traverser la Samarie. C'est ainsi qu'il arriva près d'une bourgade de Samarie nommée Sychar, non loin du champ que Jacob avait jadis donné à son fils Joseph. C'est là que se trouvait le puits de Jacob. Jésus, fatigué du voyage, s'assit au bord du puits. Il était environ midi.

Une femme samaritaine vint pour puiser de l'eau. Jésus s'adressa à elle : S'il te plaît, donne-moi à boire un peu d'eau. (Ses disciples étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger.) La Samaritaine s'exclama : Comment ? Tu es Juif et tu me demandes à boire, à moi qui suis Samaritaine ? (Les Juifs, en effet, évitaient toutes relations avec les Samaritains.) Jésus lui répondit : Si tu savais quel don Dieu veut te faire et qui est celui qui te demande à boire, c'est toi qui aurais demandé à boire et il t'aurait donné de l'eau vive. Mais, Maître, répondit la femme, non seulement tu n'as pas de seau, mais le puits est profond ! D'où la tires-tu donc, ton eau vive ? Tu ne vas pas te prétendre plus grand que notre ancêtre Jacob, auquel nous devons ce puits, et qui a bu lui-même de son eau ainsi que ses enfants et ses troupeaux ? Celui qui boit de cette eau, reprit Jésus, aura de nouveau soif. Mais celui qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura plus jamais soif. Bien plus : l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source intarissable qui jaillira jusque dans la vie éternelle. Maître, lui dit alors la femme, donne-moi de cette eau-là, pour que je n'aie plus soif et que je n'aie plus besoin de revenir puiser de l'eau ici. Va donc chercher ton mari, lui dit Jésus, et reviens ici. Je ne suis pas mariée, lui répondit-elle. Tu as raison de dire : Je ne suis pas mariée. En fait tu l'as été cinq fois, et l'homme avec lequel tu vis actuellement n'est pas ton mari. Ce que tu as dit là est vrai. Maître, répondit la femme, je le vois, tu es un prophète. Dis-moi : qui a raison ? Nos ancêtres ont adoré Dieu sur cette montagne-ci. Vous autres, vous affirmez que l'endroit où l'on doit adorer, c'est Jérusalem. Crois-moi, lui dit Jésus, l'heure vient où il ne sera plus question de cette montagne ni de Jérusalem pour adorer le Père. Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient du peuple juif. Mais l'heure vient, et elle est déjà là, où les vrais adorateurs adoreront le Père par l'Esprit et en vérité ; car le Père recherche des hommes qui l'adorent ainsi. Dieu est Esprit et il faut que ceux qui l'adorent l'adorent par l'Esprit et en vérité. La femme lui dit : Je sais qu'un jour le Messie doit venir celui qu'on appelle le Christ. Quand il sera venu, il nous expliquera tout. Je suis le Messie, moi qui te parle, lui dit Jésus.

Sur ces entrefaites, les disciples revinrent. Ils furent très étonnés de voir Jésus parler avec une femme. Aucun d'eux, cependant, ne lui demanda : « Que lui veux-tu ? » ou : « Pourquoi parles-tu avec elle ? » Alors, la femme laissa là sa cruche, se rendit à la ville, et la voilà qui se mit à dire autour d'elle : Venez voir un homme qui m'a dit tout ce que j'ai fait. Et si c'était le Christ ? Les gens sortirent de la ville pour se rendre auprès de Jésus.

Entre-temps, les disciples pressaient Jésus en disant : Maître, mange donc ! Mais il leur dit : J'ai, pour me nourrir, un aliment que vous ne connaissez pas. Les disciples se demandèrent donc entre eux : Est-ce que quelqu'un lui aurait apporté à manger ? Ce qui me nourrit, leur expliqua Jésus, c'est d'accomplir la volonté de celui qui m'a envoyé et de mener à bien l'oeuvre qu'il m'a confiée. Vous dites en ce moment : Encore quatre mois, et c'est la moisson ! N'est-ce pas ? Eh bien, moi je vous dis : Ouvrez vos yeux et regardez les champs ; déjà les épis sont blonds, prêts à être moissonnés. Celui qui les fauche reçoit maintenant son salaire et récolte une moisson pour la vie éternelle, si bien que semeur et moissonneur partagent la même joie. Ici se vérifie le proverbe : « Autre est celui qui sème, autre celui qui moissonne. » Je vous ai envoyés récolter une moisson qui ne vous a coûté aucune peine. D'autres ont travaillé, et vous avez recueilli le fruit de leur labeur.

Il y eut, dans cette bourgade, beaucoup de Samaritains qui crurent en Jésus grâce au témoignage qu'avait rendu cette femme en déclarant : « Il m'a dit tout ce que j'ai fait. » Lorsque les Samaritains furent venus auprès de Jésus, ils le prièrent de rester, et il passa deux jours chez eux. Ils furent encore bien plus nombreux à croire en lui à cause de ses paroles, et ils disaient à la femme : Nous croyons en lui, non seulement à cause de ce que tu nous as rapporté, mais parce que nous l'avons nous-mêmes entendu ; et nous savons qu'il est vraiment le Sauveur du monde.


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